Espoirs, désespoirs, illusions, désillusions : histoire tragique de l’Arménie, et l’histoire d’une belle personne.
À travers la vie de Zarouhi Bahry racontée par elle-même avec retenue et modestie, le lecteur découvre un grand cœur et un grand talent : son sens de l’humanité dans un contexte héroïque et terrible (début du XXe siècle dans l’Empire ottoman), entre Arméniens, Grecs, Juifs, Arabes, Bulgares et Turcs, Kurdes et Alévis qui ont aussi leurs « justes »…, chrétiens comme non-chrétiens.
Et quelle vie ! Alternance historique de grands espoirs dans une liberté heureuse et de grands désespoirs dans le sang et les larmes, le drame frappe l’auteure, sa famille, et sa nation tout entière.
Quel courage, quelle force, pour se relever et pour se consacrer à sauver ce qui peut l’être et d’abord les orphelins, les blessés, les malades, les malheureux…
Zarouhi ne croyait sans doute pas à tous les dogmes de l’Église, mais elle avait totalement fait siennes les valeurs universelles et universalistes de sa religion.
À travers l’amour de son pays, de son peuple, de Constantinople, capitale historique du syncrétisme, de cette mer bleue qu’elle aimait tant et dont naquirent tant de civilisations, c’est un message d’amour pour l’humanité qu’elle nous envoie à travers le récit de sa vie, au cœur de la tragédie, du génocide arménien et des migrations forcées. En dépit de l’épouvante, Zarouhi Bahry transmet un message de confiance dans l’avenir et dans l’Arménie.
Zarouhi, ma grand-mère, m’avait poussée à faire du latin et je la reconnais dans ces pages, avec son dicton « Sic transit Gloria Mundi », promouvant inlassablement les valeurs fondamentales contre la futilité des honneurs. Toute sa vie.