Le numéro hors-série présenté ici fera sans doute le bonheur de ceux pour qui les polémiques intérieures de notre village gaulois, aussi sympathique soit-il, éclipsent trop souvent les réalités extérieures, souvent plus prégnantes que nos débats quotidiens. Ils y trouveront, sans dogmatisme, avec un peu de recul, sur fond d’humour discret, quelques repères glanés au cours des sept dernières années sur la marche du monde. L’auteur nous prévient : il ne parle que de ce qu’il connaît (un peu, précise-t-il, pour s’y être investi au cours de 41 années de carrière diplomatique ininterrompue). L’Europe, la diplomatie multilatérale, l’ONU, la place de la France et le rayonnement de sa langue, la Russie, le Caucase demeurent ses terres d’élection, même s’il a parcouru les cinq continents, du cercle polaire aux forêts tropicales… Seuls les politiques savent parler de tout, mais ces pages en quelque sorte choisies nous livrent une vérité essentielle à laquelle nous devons prendre garde : l’Europe est le dernier rempart de l’humanisme. Et l’Europe a besoin de la France et la France de l’Europe et de nos trois mille ans d’histoire. Dans un autre livre (Les ciels de Raphaël : lettres à mon petit-fils pour lui faire aimer la France et sa langue), l’auteur soulignait : «Si les Français savaient… On se le disait chaque fois en revenant de nos missions lointaines, mais je crois qu’au fond d’eux ils savent et c’est ce qui fait, quoi que nous en disions, notre ‘‘douce France’’ ».
L’auteur, ainsi qu’il le précise, n’entend asséner aucune vérité, juste proposer à la réflexion du lecteur quelques pistes de lecture de l’actualité internationale. Il ne cache pas son inquiétude à l’annonce de la suppression du corps diplomatique pour un pays qui s’honorait d’un des plus professionnels et remarquables réseaux dans le monde, dans lequel le service de l’Etat s’inscrivait au quotidien dans le fil de l’histoire de France, au service mais au-dessus des gouvernements de passage…
Les étudiants intéressés par ces questions y trouveront peut-être leur vocation pour ce qui a été, pour l’auteur, du premier au dernier jour – et quelle que soit la forme qu’il prendra – « le plus beau métier du monde », persuadé qu’on ne connaît vraiment son pays (et soi-même) qu’au miroir des autres.
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