SIGEST

2020
ISBN 9782376040439
155 x 230 mm
176 p.
Les pogroms des 6-7 septembre 1955
Istanbul-Izmir
E&O, Hors-série N°3
15.00 €
Disponible

Une analyse juste des évènements des 6-7 septembre 1955 (pogroms à Istanbul, Izmir et Ankara) ne peut se faire qu’à travers une vision englobant l’homogénéisation ethnoreligieuse accomplie par l’élite kémaliste pour arriver à un État-nation, les conditions démocratique et économique particulières des années 1950, et la question de Chypre.

Pour la première fois un ouvrage en français aborde cette période avec des photos et documents.

Après ces incidents, les minorités non musulmanes, même les plus modérées et bienveillantes, ont perdu toute confiance dans les institutions de leur pays. Beaucoup ont décidé de quitter, tôt ou tard, la Turquie.
Jean Dorian


Recension :

Les pogroms des 6-7 septembre 1955. Istanbul-Izmir.

par Varoujan Sirapian

Alfortville, éd. Sigest, 2020, 176 p.

L’auteur est le directeur de l’Institut Tchobanian et le fondateur de la revue Europe et Orient. Né et ayant passé sa jeunesse à Istanbul auprès des reliquats des communautés arméniennes et grecques de l’ancienne capitale de Byzance puis de l’Empire ottoman, il publie un livre sur un événement oublié : les pogroms anti-grecs de 1955. C’est un sujet qui a déjà été largement traité. Mais cet ouvrage offre des reproductions de documents d’archives et de photos, sources peu connues.

Après le traité de Lausanne en 1923, suite à la dernière guerre gréco-turque (1919-1923), la première épuration ethnique a été officialisée par un traité international. 1,5 million de Grecs de Turquie ont dû quitter l’Anatolie et 500.000 Turcs de Grèce les ont croisés. Mais dans le traité de Lausanne, qui marque aussi la mort de l’Arménie indépendante et du Kurdistan autonome, il est écrit que 120.000 musulmans (Turcs) de la Thrace occidentale grecque et 120.000 chrétiens (Grecs) d’Istanbul et de Smyrne doivent être protégés et ne sont pas « échangeables ». De 1923 à nos jours, Athènes a respecté cet accord, même si les Turcs ont longtemps été des citoyens de seconde zone, Ankara a violé l’accord de Lausanne. En 1931, Vénizélos et Atatürk signent la « paix des braves ». Les relations gréco-turques sont alors normalisées. Mais à partir de 1950, la question chypriote vient brouiller cette entente. Les Chypriotes grecs aspirent à l’Enosis (« Union », avec la mère patrie). Ce qui est inadmissible pour la Grande-Bretagne qui colonise l’île d’Aphrodite depuis 1878. Quant aux Américains, ils souhaitent que ce porte-avion naturel en Méditerranée orientale devienne une base de la jeune Otan. Quant la lutte armée des Chypriotes grecs commence le 1er avril 1955, Londres et Washington font entrer Ankara dans l’affaire chypriote ce qui entraîne les pogroms de septembre. Après ces massacres, les Grecs de Turquie sont passés de 120.000 à moins de 50.000. Aujourd’hui, ils sont moins de 3.000. À noter que depuis 2018, le président turc R.T. Erdoğan remet en cause le traité de Lausanne et les frontières entre la Grèce et la Turquie dans sa volonté de rester au pouvoir, mettant le feu en Syrie, à Chypre, en Grèce et désormais en Arménie.

Christophe Chiclet 

Confluences méditerranée (n°116, Printemps 2021)

 

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