Alors que plus de cent ans ont passé depuis le génocide de 1915 des Arméniens et des Assyro-Chaldéens dans l’Empire ottoman, l’État turc et de larges cercles de la classe politique, islamistes comme laïcs, conservent une attitude de déni et des sentiments hostiles envers ces groupes.
Pour comprendre cette continuité, cette étude en explore trois aspects. Tout d’abord dans le temps long, la continuité des sentiments hostiles, en recherchant les origines de la pensée de la « nation dominante », les tentatives de réformes, les aspirations contrariées à l’égalité civique qui, au moment même où elles semblaient aboutir, menèrent paradoxalement à l’anéantissement des intéressés. Ensuite, la continuité des hommes qui organisèrent l’élimination des Arméniens, avec ceux qui fondèrent la République de Turquie. Enfin, la continuité des structures, qui font lien entre l’Organisation Spéciale d’hier, rouage essentiel du crime, et l’État profond d’aujourd’hui au-delà des hommes ayant appartenu à ces structures.
Cette étude fournit en annexe 80 biographies de ceux qui perpétrèrent le génocide. Elle en dévoile leur destin et leur postérité dans la Turquie républicaine. Elle se penche aussi sur la mémoire de six justes qui refusèrent de s’associer au crime.